Michèle Caroff : « Le contrôleur de gestion vise à optimiser la rentabilité financière de votre entreprise »

Dans notre série « Les métiers de la direction financière », nous donnons la parole à Michèle Caroff, Contrôleur de Gestion Freelance. En 24 ans de carrière, Michèle a occupé plusieurs postes dans la fonction finance : contrôleur de gestion, contrôleur financier et responsable financier. Grâce notamment à son profil international (elle parle couramment l’anglais et le russe), elle a exercé dans différents secteurs d’activité : Services (Média, Conseil, Tourisme, Evènementiel), Industrie, BTP, ONG.

Membre du réseau Imaé, elle nous présente aujourd’hui le poste de contrôleur de gestion : ses missions, les compétences requises, son évolution face au digital… L’occasion de conseiller les jeunes diplômés qui souhaitent se consacrer à ce métier.

Michèle Caroff : Le contrôle de gestion est un métier incontournable pour les organisations tant en termes de définition de la stratégie économique globale que pour l’optimisation de la rentabilité financière. Le contrôleur de gestion exploite les données financières (l’existant) pour établir un budget prévisionnel et faire différentes analyses.

Il joue un rôle essentiel, car il accompagne la direction de l’entreprise dans sa prise de décisions stratégiques (investissements, modélisation budgétaire, retournements d’activité, révision du modèle d’activité, développement d’une nouvelle activité…).

Ce poste s’inscrit clairement au cœur d’une activité et des prévisions futures.

Toute type d’organisation peut faire appel à un contrôleur de gestion (Grand Groupe, ETI, PME, TPE et associations). Son objectif : optimiser la rentabilité financière et améliorer la performance économique.

Michèle Caroff : La spécialisation n’est pas une obligation. Mais, les jeunes diplômés doivent bien se renseigner s’ils souhaitent exercer dans un secteur bien précis. Pour certains d’entre eux, il sera difficile d’y entrer par la suite si vous n’y avez pas commencé votre carrière. Je pense, ici, au secteur bancaire ou industriel par exemple. Dans ces spécialisations, les premières expériences sont essentielles, car elles vont donner une orientation à votre carrière.

Dans beaucoup de cas, les candidats au contrôle de gestion doivent justifier d’une expérience de quelques années dans le secteur de l’audit ou de la gestion financière.

Cela étant, ce métier peut tout à fait s’exercer avec une approche généraliste (multi-secteurs, multi-tailles d’entreprises).

Michèle Caroff : Ses missions peuvent être très différentes en fonction de la taille de l’entreprise (dans une petite organisation, il sera un véritable couteau suisse, très polyvalent), de son secteur d’activité et de sa spécialisation ou non.

Il y a aussi des sous-catégories en contrôle de gestion : contrôle de gestion industriel (qui se consacre à la production), contrôle de gestion commercial (qui se concentre sur les ventes et marges), contrôle de gestion social (masse salariale), contrôle de gestion central (contexte multi-filiales avec du reporting), etc.

Parmi les principales missions, nous pouvons citer :

• La mise en place d’outils de gestion et de suivi, de tableaux de bord,
• La création de reportings pour la direction générale et la définition d’indicateurs financiers (ou non financiers) à suivre, les fameux “KPI”,
• L’analyse des différents coûts de l’entreprise, et le calcul des marges et des coûts de revient : si vous vendez un produit ou service, l’objectif ici est de calculer le coût de revient et la marge réalisée. Si la marge est nulle ou insuffisante, il conviendra de proposer et mettre en place des actions correctives,
• Le contrôle ou l’encadrement des clôtures comptables,
• L’élaboration budgétaire : au-delà du budget annuel, de plus en plus d’entreprises font plusieurs exercices budgétaires avec révisés, budget glissant sur 12 mois, plans moyen terme (à 3 ou 5 ans par exemple). Cela permet d’avoir un aperçu à court, moyen et long terme plus global.
• L’analyse des écarts entre les objectifs prévisionnels et les objectifs réalisés, et la proposition de solutions si nécessaire : savoir calculer un écart avec Excel, c’est bien. Mais comprendre cet écart, c’est mieux : a-t-on oublié une provision ? Est-ce que le budget est faux ? Dans ce métier, il faut faire preuve de curiosité et de persévérance. Lorsque l’on observe un écart, il faut tenter de comprendre la raison.
• La réalisation d’études financières : par exemple, l’entreprise industrielle pour laquelle vous travaillez souhaite réaliser un investissement (construire une nouvelle usine), vous devrez, en tant que contrôleur de gestion, participer à l’analyse de la rentabilité de ce projet d’investissement (CAPEX).

Michèle Caroff : Un contrôleur de gestion doit notamment :

• avoir des compétences en comptabilité et en finance,
• savoir élaborer un budget ou faire de la modélisation financière,
• maîtriser différents systèmes d’information : tableurs, bases de données, ERP, CRM, EPM,
• avoir de bonnes connaissances des métiers et du fonctionnement de l’entreprise,
• avoir des capacités d’organisation et de planification, mais également des capacités d’anticipation et de réactivité,
• avoir une aisance relationnelle, et une bonne capacité de communication et de persuasion,
• parler couramment l’anglais (voire une autre langue étrangère).

Les entreprises se digitalisent de plus en plus. Cela permet (lorsque cela est le cas) aux contrôleurs de gestion de se consacrer davantage à l’analyse et d’apporter une vraie valeur ajoutée.

Compte tenu de cette transformation digitale, il est conseillé aux contrôleurs de gestion de se familiariser avec les outils suivants, et de se former tout au long de sa carrière car tout évolue très vite :

• ERP – Enterprise Resource Planning (SAP, PeopleSoft, Sage, JD Edwards…)
• Reporting (si vous travaillez dans un groupe avec plusieurs filiales, vous allez réaliser vos clôtures mensuelles dans un outil imposé pour que le consolideur puisse réaliser sa consolidation).
• CRM (utile pour les contrôleurs de gestion commerciaux qui analysent le chiffre d’affaires).
• EPM – Enterprise Performance Management (outils qui se focalisent sur le suivi et la gestion de la performance d’une organisation, avec des modules de prévisions, budgétisations et planification).

Michèle Caroff : Pour accéder à un poste de contrôleur de gestion, les formations les plus courantes sont :

• Master en Contrôle de Gestion, Comptabilité-Audit, Finance, ou Gestion Financière (souvent obtenu en école de commerce ou école de gestion),
• DCG (Diplôme de Comptabilité et Gestion) ou DSCG (niveau supérieur),
• Dans certains cas, diplôme d’ingénieur avec spécialisation financière.

Souvent, les contrôleurs de gestion ont une première expérience dans un cabinet d’audit avant de rejoindre l’entreprise.

Michèle Caroff : En fonction de la taille de l’entreprise et du secteur d’activité et de l’expérience professionnelle, un contrôleur de gestion peu expérimenté peut commencer sa carrière autour de 30 K€.

Un contrôleur senior et confirmé peut prétendre au salaire de 50 K€ au minimum. Et, il est fréquent de voir des postes senior dans une fourchette plus haute voire jusqu’à 100K€ selon l’importance du secteur et de l’entreprise.

Michèle Caroff : Il est conseillé aux contrôleurs de gestion de continuer à se former tout au long de leur carrière. Car ce métier est très technique et très évolutif (méthodes, outils). Pour évoluer, un contrôleur pourra diversifier son expérience, soit au sein d’un même groupe en évoluant ou changeant de poste, soit dans un groupe de taille différente, soit dans un autre secteur d’activité.

Souvent, les contrôleurs de gestion s’orientent vers des postes de directeurs de contrôle de gestion ou bien deviennent directeurs financiers.

Michèle Caroff : Mon conseil est ici à destination des petites entreprises : le contrôle de gestion existe en temps partagé. Aussi, si votre entreprise n’a pas le budget nécessaire ou ne dispose pas du volume de travail suffisant pour recruter un plein temps, n’hésitez pas à vous tourner vers une solution à temps partagé.

Si votre besoin est plus important, avant de recruter un CDI, vous pouvez aussi utiliser les services d’un manager de transition.