Mehdi Hasnaoui : « Le Tax Reporting Management représente une opportunité de marché pour les freelances »

Dans notre série « Les métiers de la direction financière », nous donnons la parole à Mehdi Hasnaoui, Tax Reporting Manager.

Expert-comptable, titulaire d’un DESS en fiscalité des entreprises et d’un diplôme d’école de commerce, Mehdi a assumé diverses responsabilités au sein de cabinets et entreprises multinationales avant de créer son activité freelance en 2016.

Après un début de carrière chez Deloitte où il a exercé pendant six ans au sein du département d’audit financier puis d’audit fiscal, il rejoint la direction de la consolidation du groupe Orange en tant que manager consolidation et fiscalité pour superviser la fiscalité différée du groupe. Par la suite, il prend la direction du contrôle financier du groupe Saham avec pour mission de transformer le processus de reporting financier du groupe. Et ce, avant de proposer ses services en tant que consultant indépendant.

Membre du réseau Imaé France, Mehdi nous présente le métier de Tax Reporting Manager : les compétences requises pour occuper ce poste, ses missions, ainsi que l’intérêt de cette fonction pour les entreprises et les freelances.

Mehdi Hasnaoui : « En tant que Tax Reporting Manager, votre mission consiste à animer un champ d’intervention se situant entre les fonctions comptable et fiscale. Il s’agit d’un pôle d’expertise à part entière pouvant, en fonction des objectifs de la direction financière au bénéfice de laquelle vous intervenez, être orienté vers une gestion dynamique de votre performance fiscale ou plus simplement vers un enjeu de conformité aux exigences fiscales et comptables.

Il est important de retenir qu’il n’existe pas un contenu type du poste, mais que ce dernier dépend pour beaucoup du besoin du donneur d’ordre tel qu’il le définit.

Ainsi, pour certaines entreprises il s’agit en priorité d’assurer la supervision de la production de documents fiscaux et de la relation quotidienne avec l’administration fiscale. Dans ce cadre, vous supervisez par exemple la production du résultat fiscal et de la liasse fiscale annuelle, celle des déclarations d’impôts locaux (ex : CVAE, CFE, etc.), des déclarations de prix de transfert, etc.

D’autres entreprises ont un besoin différent plus en relation avec l’assurance que leurs comptes, émis en IFRS, traduisent correctement la fiscalité de l’entreprise ou du groupe. Nous parlons ici de la comptabilisation des impôts différés, de l’évaluation des actifs d’impôts pouvant être reconnus au bilan, de la politique de suivi et de provisionnement des risques fiscaux, etc.

Ces sujets sont extrêmement importants, car les enjeux qu’ils recouvrent sont significatifs. Pour se les représenter, il suffit de se rappeler que l’impôt sur le résultat représente 25% de la richesse produite par l’entreprise. Le manager est donc le garant de la qualité de l’information financière relative à l’impôt.

Vous devez allier les compétences de l’expert à celles du généraliste. L’exercice n’est pas toujours aisé, mais il constitue la pierre angulaire de votre contribution.

Vous devez analyser les opérations de l’entreprise en faisant appel à votre expertise fiscalo-comptable.

Vous devez être capable d’interagir avec l’ensemble des autres intervenants de la direction financière pour répondre à leurs interrogations.

La fiscalité est souvent un champ difficile d’accès à celui qui n’en est pas spécialiste. C’est pourquoi, au-delà de l’expertise, il faut savoir faire preuve d’un minimum de pédagogie sur ces questions.

Par ailleurs, comme cela est le cas pour tous les managers financiers aujourd’hui, il faut savoir être agile pour accompagner les processus de transformation permanente que vit l’entreprise.

Mehdi Hasnaoui : Comme évoqué plus haut, la typologie de mission dépend du besoin du client.

• En général il est possible d’identifier les missions de type « tax compliance » dans lesquelles vous êtes sollicités pour superviser toute la dimension déclarative. Noter que ce type de mission est externalisable sous réserve que le client se soit organisé en ce sens. Il demeure qu’un manager peut être sollicité pour gérer une situation non suffisamment anticipée par le client.
• À côté de ce type de missions figurent celles dans lesquelles vous êtes nécessairement plus intégré au cycle de gouvernance et de management de l’entreprise. Celles-ci sont difficilement externalisables car elles reposent sur une forte dimension analytique en lien avec les opérations quotidiennes conduites par l’entreprise. Elles sont aussi à plus forte valeur ajoutée.

Il s’agissait avant tout d’une opportunité de rejoindre un collectif capable d’accompagner un manager indépendant dans son développement commercial. Imaé France est une source d’opportunités. C’est aussi une marque dont on perçoit qu’elle se développe autour de valeurs responsables fortes. Et c’est quelque chose d’important à mes yeux.

Il y a un réel besoin sur le marché et ils ne devraient pas manquer d’opportunités. Pour autant, il est toujours utile d’intégrer un réseau, car cela apporte beaucoup sur un plan commercial.

L’autre recommandation que je pourrai formuler est plus une invitation à bien circonscrire le champ de la mission à son commencement afin de s’assurer que les moyens mis en place par le client sont en adéquation avec les objectifs poursuivis.

Je pense que les entreprises sont parfaitement conscientes de leurs besoins en la matière. Il s’agit d’une fonction clef et sensible. La question pour elles réside plus dans le moyen à mobiliser pour répondre au besoin.

À ce sujet, j’alerte particulièrement sur le fait que la fonction fiscalo-comptable n’est pas entièrement externalisable (cf. commentaires plus haut). Il faut donc qu’elles puissent mettre une ressource interne en face de la partie non externalisable du besoin.

Cette ressource n’étant pas toujours aisée à trouver, il est particulièrement indiqué de solliciter un manager en attendant de trouver le bon candidat à internaliser.

Mehdi Hasnaoui : Tout dépend de la direction que vous souhaitez donner à votre carrière. La question est de savoir si vous voulez approfondir la dimension experte ou bien si vous souhaitez vous orienter vers des postes généralistes financiers. À mon sens, les deux sont parfaitement possibles, c’est plus une question de sensibilité personnelle.